SCAP : La Restauration

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Le volant

Lors de l'achat du véhicule, il était évident que le volant était en mauvais état.

Naïvement et sans regarder de près, je pensais que le bois était complètement pourri. Quelle ne fut ma surprise de découvrir que la jante était en fait en tôle d'acier recouverte d'une matière plastique et que sa destruction était en fait du à la rouille.

Après quelques recherches, j'ai pu identifier ce volant. Il s'agit d'un volant Exonite de la société Dover. L'exonite est un acétate de cellulose stabilisé. D'après eux, il a tous les avantages : ininflammable, grande dureté tout en conservant une certaine souplesse, un beau poli résistant aux rayures, aux solvants et à l'essence. Bref, le produit miracle. Il a été, utilisé pour revêtir la jante de volant, pour réaliser des poignées de guidon, des pommeaux de leviers, des pompes à vélo et même ... des vitrages d'avion, dans une version transparente évidemment.

La construction de la jante est très particulière. La couronne (1) vient se fixer sur le moyeu en acier avec ses 5 branches. Elle a la forme d'un demi-tore en tôle emboutie qui est clipsée à l''extrémité de chaque branche. Une 2ème couronne cylindrique (2) vient s'emboiter dessus et sert de renfort. Enfin la couronne (3) également en forme de demi-tore vient compléter la section circulaire de la jante.

L'ensemble est ensuite revêtu d'Exonite. Produit miracle ou pas, mon volant a très mal supporté son siècle d'existence. J'avais 3 solutions :
- réparer le volant en utilisant la même technique, c'est matériellement impossible pour un amateur
- t
rouver un autre volant identique ou adaptable, possible mais long et je souhaite garder un maximum du peu depièces dont je dispose
- réutiliser le centre du volant et reconstruire une jante en bois comme sur l'immense majorité des voitures de l'époque, c'est la solution que j'ai retenu et qui me servira de 1ère expérience du travail du bois.

Première étape, enlever les morceaux restants de la jante et nettoyer le moyeu et les branches.



Ensuite j'ai réalisé une armature métallique car le volant est grand (450mm) et les efforts de direction seront certainement importants. Elle est réalisée avec un profil d'acier carré de 8mm de côté. Le diamètre d'enroulement est choisi pour être au centre de la jante. Lors de l'assemblage, des entretoises sont soudées entre les branches et cette armature. Le cintrage s'est fait avec les moyens du bord. J'ai tracé mon cercle de 406 mm sur une planche. Ensuite j'ai pris un volant moteur de BNC qui trainait par là d'un diamètre de 300mm. En maintenant ma pièce avec une pince étau, j'ai fait une suite de petits cintrages en contrôlant à chaque fois l'évolution par rapport au tracé. La pièce est en 2 parties, faute d'avoir trouvé un profilé assez long. Les 2 éléments sont ensuite maintenus en place par des clous

Et soudés ensemble

Puis sur le moyeu en intercalant les entretoises et en s'assurant que l'armature est bien dans le plan médian des branches

Ensuite il faut mastiquer, ponder et traité l'ensemble.

Sur les ancètres, les jantes de volant sont généralement réalisés en plusieurs segments collés les un aux autres et mis en forme par usinage. Mon volant ayant 5 branches, j'ai décidé de réaliser 2 fois 5 secteurs qui composeront les 2 moitiés de volant. J'ai décidé d'utiliser de l'orme parce que c'est un bois dur qui a une belle couleur, se polit bien et parce que ...j'en avais chez moi provenant d'anciennes tête de lit. Pour être franc, le travail aurait étéplus simple si j'avais eu des planches un peu plus grandes, là je n'avais pas le droit à l'erreur. J'ai donc commencé par réaliser une épure qu m'a montré qu'il fallait couper mes pièces à 54°. Cela a été fait avec une scie radiale bas de gamme. Voici une des 10 pièces

Et un jeu de 5 pièces mises en position pour s'assurer des ajustements. En fait quelques retouches ont été nécessaires pour limiter les jeux.

Une fois satisfait, les 5 pièces sont collées ensemble en les maintenant par une sangle pour avoir une pressions sur les zones de collage

Et des serres-joints pour garantir la planéité

Ensuite on laisse sécher longtemps car c'est un assemblage en bout, toujours un peu plus fragile. La 2ème face est réalisée de la même façon.

Une fois la colle bien sêche, on peut usiner une surface de référence. Pour cela j'ai utilisé ma défonceuse avec un support bricolé avec une plaque métallique et deux cales de bois et en s'appuyant sur un plateau rigide et bien plat. Cet usinage permet en même temps d'enlever la face cirée de mes planches.

La pièce est ensuite retournée pour usiner l'autre face. Le but est d'obtenir une épaisseur égale au rayon de la jante plus environ 1mm. Le rayon a été choisi en fonction de la fraise 1/4 rond que j'ai pu trouver, en l'occurence 16mm. Après usinage, on pose le centre du volant sur la pièce et on trace la position du cercle d'armature. Comme on peut le voir sur la photo, il n'y a pas beaucoup de rab !

Pour usiner le logement de l'armature, je me suis fabriqué un outil pour usiner des cercles. Il est composé d'une planche de médium de 11mm sur laquelle se fixe la défonceuse. Dans la planche il y a une rainure et une lumière. La rainure permet de faire coulisser un fer plat équipé d'une pointe et d'une tige filetée qui passe dans la rainure.

On obtient ainsi un compas. Il ne reste plus qu'à immobiliser la pièce sur un plateau rigide, clouer une cale percée en son centre qui servira de logement pour la pointe de compas et usiner la saignée en plusieurs passe avec une petite fraise de 10 mm de façon à compenser les défauts de circularité de l'armature et sur une profondeur de 4mm.

Cet usinage est fait successivement sur les 2 pièces, de façon à avoir exactement le même rayon. Pour la suite des opérations, la gorge va servir de centrage des pièces. Après avoir percé un trou de centre dans mon plan de travail, j'ai usiné une gorge de 6mm de profondeur en gardant toujours le même réglage pour mon compas. En enfonçant des segments de baguette 10x10mm dans cette gorge, il est possible d'emboîter lapièce sur ces segments pour la positionner.

En équipant la défonceuse d'une fraise de plus grand diamètre, il est maintenant possible d'utiliser le compas pour amener la pièce à l'épaisseur souhaitée en faisant plusieurs passes succesives.

On fait pareil pour la 2ème pièce puis on équipe la défonceuse d'une fraise de 8mm et on peut usiner le diamètre intérieur en plusieurs passes.

Avant de faire la découpe extérieure, j'ai préféré faire les logements des extrémités de branche. On repositionne le mieux possible l'armature et on marque au crayon le contour du logement. J'ai évité d'avoir les branches dans les zones de collage, j'ai donc fait un décalage de 1/15ème de tour. Il faut également veiller à ce que les zones de collage soient bien décalées entre les 2 pièces.

J'ai fait ces petits usinages avec une fraise boule sur une mini perceuse. Il faut faire ce travail avec un maximum de précision pour ne pas avoir à combler ultérieurement un vide avec de la pate à bois (je sais malheureusement de quoi je parle). Comme les branches ne sont pas strictement identiques, il faut également repérer la position des pièces l'une par rapport aux autres.

Une fois satisfait du résultat et après s'être assurée que les 2 pièces de bois s'ajustent correctement avec l'armature en place, on repositionne chaque pièce de bois sur le plan de travail et on usine le diamètre extérieur avec la même méthode que pour l'intérieur. A noter que j'ai remis au centre les chutes de bois pour avoir un meilleur appui de la défonceuse.

La suite

 

 

 

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